"En ces moments où tout semble se diluer et perdre consistance, il convient de recourir à la solidité tirant sa source de la conscience que nous avons d’être responsables de la fragilité des autres dans notre quête d’un destin commun. La solidarité se manifeste concrètement dans le service qui peut prendre des formes très différentes de s’occuper des autres. Servir, c’est « en grande partie, prendre soin de la fragilité. Servir signifie prendre soin des membres fragiles de nos familles, de notre société, de notre peuple »." nº (Fratelli Tutti #115)
À la première lecture de cet extrait du pape François, on pourrait être tenté de dire : "Ma propre vie est suffisamment fragile ; dois-je vraiment être responsable de la fragilité des autres aussi ?". Cela pourrait être compréhensible, compte tenu de tous les problèmes, petits et grands, que la vie nous envoie chaque jour. Pourtant, après mûre réflexion, il se peut qu'en assumant la responsabilité des autres, surtout dans leur fragilité, nous devenions en fait plus forts, mieux à même de faire face, et nous doublons le bien que nous faisons, car de tels gestes apportent de la grâce à la fois à celui qui donne et à celui qui reçoit. C'est cela, le serviceC'est l'Évangile incarné.
La citation parle de "prendre soin de la fragilité". Arrête-toi un instant et réfléchis à ce que cela signifie. Nous sommes nombreux à réagir lorsqu'une calamité sociale, géopolitique ou naturelle se produit. Nous sommes émus par les images que nous voyons dans les médias, ou par la souffrance que nous constatons de visu. Et c'est ainsi que cela doit être. Pourtant, si nous adoptons une attitude qui " prend vraiment soin des personnes fragiles ", cela nous oblige à réagir avant même que la calamité ne se produise.La fragilité signifie que l'on est proche du danger, sous une forme ou une autre. La vulnérabilité signifie qu'une personne a de bonnes chances d'être blessée, ou pire. Beaucoup d'entre nous ne voient pas la fragilité, seulement la tragédie une fois qu'elle se produit. Beaucoup d'entre nous ne voient pas les images de la vulnérabilité, même sous nos yeux.
Pendant ce temps de Carême, ne serait-ce pas une bonne pratique, chaque jour, d'identifier les personnes vulnérables autour de nous, et d'une certaine façon, même minime, de faire quelque chose en "solidarité" avec elles, en leur faisant savoir qu'elles ne sont pas seules et qu'elles peuvent compter sur toi ?